Pourquoi les médecins de campagne partant à la retraite ont du mal à trouver leurs successeurs ?

49 % des Français vivant à la campagne ont des problèmes pour trouver un médecin traitant selon une enquête de la fédération de l’hospitalisation privée publiée en janvier 2019. La désertification médicale est un enjeu de santé majeur qui préoccupe les collectivités territoriales. Beaucoup de communes et de départements de la ruralité se sont mobilisés pour changer l’image de ces espaces qui n’attirent plus les futurs médecins. Ces initiatives ont permis des améliorations, mais le problème reste intact. Les médecins ruraux ont du mal à être remplacés lorsqu’ils partent à la retraite. Il est nécessaire de comprendre pourquoi pour inverser cette tendance.

La peur de l’isolement

« La peur de l’isolement » est une réponse récurrente chez les internes pour évoquer le refus de s’installer en campagne. L’absence de professionnels de santé fait de ces praticiens les référents en matière de soins médicaux. Ils sont dans l’obligation d’être des touche-à-tout. Ils sont à la fois généralistes, gynécologues, pédiatres, dermatologues… Un centre hospitalier éloigné reste aussi un inconvénient majeur. Les médecins externalisent les soins des patients loin de leur domicile. Être médecin à la campagne, c’est avoir plus de responsabilités et être polyvalent. Beaucoup de généralistes exercent encore de façon isolée hors des maisons de santé. Le manque d’interactions avec leurs confrères peut être difficile à vivre. La désertification médicale des campagnes a été accrue par la disparition des services publics qui augmente ce sentiment d’isolement. Le manque d’écoles, de postes, de pharmacies, d’activités et d’emplois peuvent être autant de freins pour l’installation de ces médecins. Cela les pénalise dans leur pratique, mais aussi dans leur vie familiale. Ils souhaitent pour la plupart que leurs enfants soient scolarisés à proximité et que leur compagne puisse accéder à un emploi dans les environs proches.

Un volume de travail conséquent

La faible densité médicale sur les espaces ruraux et la proximité avec les patients nécessitent un volume de travail conséquent pour les médecins de campagne. Dans certaines localités, il n’y en qu’un dans un rayon de 50 kilomètres cela l’oblige à sillonner les routes. Sa quotité de travail journalier en est rallongée sans pour autant soigner plus de malades. Être médecin de campagne, c’est travailler toute la journée de 8 h 30 à 20 h 30 avec « une pause-minute » pour manger. Certains d’entre eux avoisinent les 70 heures par semaine voire plus. Ils accumulent les gardes le week-end et la fatigue inhérente à ce style de vie. Une patientèle souvent âgée demande aussi un fort investissement dans le relationnel, car celle-ci a besoin d’être sans cesse rassurée. L’exercice de la médecine en campagne, c’est un investissement de tous les instants qui décourage beaucoup de médecins. La commission de jeunes médecins de l’Ordre montre que le temps de travail détermine le mode et le lieu d’exercice pour 82 % des internes. La nouvelle génération d’internes aspire à davantage d’équilibre avec une vie sociale et familiale riche.

La désertification médicale dans les campagnes n’est pas un leurre. Les médecins retraités y trouvent un successeur difficilement. Les internes sont peu nombreux à s’y installer. L’isolement des praticiens dans leur vie professionnelle, sociale et familiale les fait réfléchir avant de sauter le pas. La quantité de travail y est croissante, cela fait reculer beaucoup d’entre eux. Beaucoup préfèrent travailler en ville pour commencer leur carrière dans une atmosphère plus sécurisée.